Coronavirus et pétrole: scénario catastrophe pour l’Afrique Centrale

à gauche, la structure des exportations de l'Afrique Centrale. A droite, celle de ses importations. Trop tournée vers l'Asie et l'Europe, la région paye le prix de sa non intégration.

La pandémie du coronavirus (covid-19) et la chute du pétrole à 30 dollars mettent l’Afrique centrale sous forte pression. Plus de 53% des exportations de la région vont en Asie (pour ne pas dire la Chine) et 29% en Europe, soient les deux zones les plus touchées par l’épidémie du coronavirus. D’autre part, plus de 37% des importations de la région proviennent de l’Asie et 35% de l’Europe. L’exposition de l’Afrique centrale est donc forte comme le souligne la Commission économique pour l’Afrique (CEA).

Dans la situation actuelle, le pays qui sera le plus touché par la double conjugaison du facteur pétrole et coronavirus sera Sao Tomé et Prince, qui risque de perdre jusqu’à 34% de son PIB à cause notamment de la chute des recettes touristiques. Vient ensuite la Guinée Equatoriale, qui peut perdre jusqu’à 17% de son PIB trop dépendant des recettes tirées du pétrole. Idem pour le Gabon (-17,6%), le Congo (-13,1%), le Tchad (-12,5%), l’Angola (-10, 9%), le Rwanda (-6,4%), le Cameroun (-4,1% chacun), la RDC (-1,9%), la Centrafrique (-0,9%) et le Burundi (-0,4%).

 En clair, cette double crise engendrera plus de vulnérabilité, grignotera sur les acquis engrangés sur le chemin des ODD et augmentera le chômage dans une région à peine remise de la dernière chute des cours pétroliers et sous programme sévère vis-à-vis du FMI. Traversées par plusieurs politiques monétaires et fiscales, la région optera pour des stratégies de relances différentes. Les pays de la CEMAC pourraient-ils utiliser des politiques monétaires expansionnistes (y compris l’assouplissement quantitatif et d’autres mesures de relance) comme mesure à court terme compte tenu des contraintes de la zone CFA, se demandent les experts de la CEA? La solution reste pour l’ensemble des pays, à parité fixe ou non, la promotion de l’intégration régionale et continentale et la diversification économique.

 

        Source : Financial Afrik