Coronavirus en RDC: appel urgent de l’Unicef pour soutenir le système de santé

REUTERS/Hereward Holland Campagne de vaccination de MSF en RDC, mars 2020.

La RDC n’a officiellement enregistré que 11 morts liés au coronavirus, mais cette épidémie vient s’ajouter à beaucoup d’autres. Le système de santé congolais, sous-financé, n’arrive déjà pas à faire face. Au Sud-Kivu, les autorités congolaises ont décidé de maintenir la campagne de vaccination contre la rougeole qui a débuté le 1er avril.

 

Pour le coordonnateur du programme élargi de vaccination au Sud-Kivu, il était essentiel de maintenir cette campagne qui permet de vacciner les enfants contre la rougeole et de sensibiliser les parents à la lutte contre le coronavirus. Mais cela demande des mesures de protection renforcées pour le personnel.

« Nous prélevons la température au niveau des sites sur tous les parents. Le lavage des mains est strict, le personnel soignant porte le masque et les gants. Nous ne les encourageons des rassemblements au niveau des sites. C’est en moyenne 20 enfants qui sont admis dans les sites, et ils sont séparés par une distance d’un mètre », explique le docteur Lievain Bikali.

 

Faire face aux différentes épidémies

Pour l’Unicef, il est important de maintenir les campagnes de vaccination et même de renforcer les soins primaires de santé. Et pour faire face aux différentes épidémies en cours dans le pays, il faut en priorité du matériel de protection et une formation adéquate pour les personnels des centres médicaux, comme l’explique le représentant de l’Unicef, Edouard Beigbeder : « La fièvre montre une infection. Cela peut être une infection du coronavirus, mais cela peut être d’autres infections qui elles-mêmes peuvent dégénérer si jamais on ne les prend pas en compte. D’où l’importance d’avoir des centres de santé qui continuent à travailler, à faire des diagnostics. »

L’Unicef interpelle non seulement le gouvernement congolais, mais aussi les bailleurs de fonds pour qu’ils accordent une part plus large de leur budget au système de santé congolais.

■ L’inquiétude du Syndicat nationale des médecins en RDC

Le bureau du Synamed s’est réuni pendant trois jours pour faire l’évaluation de la riposte à travers tout le pays. Et le bilan est plus que mitigé.  Il y a des provinces qui sont très en retard dans la mise en place de leur plan de contingence, toutes les provinces de l’ex-Bandundu, de l’ex-Équateur et même l’espace Kasaï. En dehors de deux provinces de l’ex-Katanga, en l’occurrence celles du Lualaba et Haut-Katanga, le Synamed estime même qu’aucune autre province n’a vraiment les moyens de faire face en cas de propagation de l’épidémie.

Concernant les informations que nous avons regroupées de toutes les provinces, le bureau du Synamed reste quand même inquiet parce qu’il y a des informations qui font part de l’insuffisance ou de l’absence même de matériel. Par exemple pour les équipements de protection individuelle, il n’y en a pas en quantité suffisante; les ambulances, il n’y en a pas en nombre suffisant. Nous avons évoqué les respirateurs, dans les hôpitaux d’État sur l’ensemble de la République du Congo, il y a moins de 20 respirateurs. Donc, on ne compte que sur les respirateurs des institutions privées. Et c’est comme ça que le Synamed se pose la question: où sont passés les 300 hôpitaux construits aux standards internationaux? Parce que c’est ce qu’on est en train de nous dire, de nous rabattre les oreilles pendant des heures et des heures dans les médias nationaux. La situation de la pandémie actuelle est en train justement de mettre à nu la responsabilité manifeste des autorités, des gouvernements passés et peut-être aussi le gouvernement actuel parce qu’il n’y avait de plan pour améliorer le secteur de la santé.

        Dr Senga Lwamba, le secrétaire général national du Synamed

Pour toutes ces raisons, le Synamed appelle aujourd’hui à un confinement total de la ville de Kinshasa et des provinces déjà touchées et à délocaliser au plus vite des moyens pour effectuer les tests dans les provinces. Il estime aussi que le pire est à venir puisque le pic de l’épidémie pourrait avoir lieu entre le 15 et le 30 avril.