Coronavirus: l’Afrique face à la pandémie le mercredi 6 mai

CELLOU BINANI / AFP Les «gestes barrière» version street art à Conakry, le 4 mai 2020.

L’Afrique comptait ce mercredi 6 mai 49 867 cas confirmés de coronavirus. Le Covid-19 a déjà coûté la vie à 1 972 personnes sur le continent, selon le Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union africaine. L’Afrique du Sud et l’Egypte sont les deux pays les plus touchés, avec respectivement 7 572 et 7 201 cas recensés. Ils sont suivis par le Maroc, l’Algérie, le Nigeria et le Ghana.

  •  Vers un nouveau modèle économique en Afrique après l’épidémie ?

La pandémie a fait craquer le vernis de la mondialisation et a fait apparaître les limites de notre mode de développement. La sortie de cette pandémie permettra-t-elle d’ouvrir sur un nouveau monde ? Toute cette fin de semaine, RFI se posera la question dans ses éditions. Une série de tribunes sera publiée pour engager le débat sur les changements nécessaires en Afrique après la crise sanitaire du coronavirus. L’économiste togolais Kako Nubukpo est le premier à contribuer à la discussion. Le doyen de la faculté des sciences économiques et de gestion de l’Université de Lomé s’interroge sur un nouveau modèle économique possible pour l’Afrique, basé sur un développement endogène, solidaire et respectueux de l’environnement.

  • En RDC, Sylvestre Ilunga devant les députés

Le Premier ministre répondait aux questions d’un député sur les conséquences de l’épidémie de coronavirus. Il a reconnu que la dépréciation du franc congolais et l’accélération de l’inflation sont essentiellement dus au financement des déficits croissants de l’Etat. Mais pour Sylvestre Ilunga, il y a aussi des facteurs conjoncturels liés à la pandémie de Covid-19. Si la monnaie nationale dévisse par rapport au dollar, ce serait parce que les banques commerciales congolaises ne parviennent pas à acheter des devises à l’étranger et que les opérateurs économiques, eux, en auraient stocké par principe de précaution. Le Premier ministre affirme avoir pris 40 mesures pour y faire face, parmi lesquelles des exonérations de taxes ou d’impôts, notamment pour faciliter l’entrée de produits pharmaceutiques et équipements médicaux. La suspension pour 3 mois de la TVA sur les biens de première nécessité…(même si l’Etat congolais n’est jamais véritablement parvenu à la collecter) ; l’interdiction du déguerpissement des locataires qui ne pourront pas payer leurs loyers de mars à juin. Pour ce trimestre, explique encore le Premier ministre, les dépenses liées à la pandémie seront prises en charge à hauteur de plus de120 millions de dollars par les bailleurs de fonds. Le gouvernement, lui, n’investit que 11 millions. L’essentiel de ces dépenses est dirigé sur la réponse médicale… Il y a près de 18 millions pour financer les opérations sécuritaires dans le cadre des mesures de confinement et d’isolement. Il ne reste que 8,6 millions pour répondre aux autres besoins de la population face à cette pandémie.

  •  La Guinée et le Tchad isolent leur capitale

Le gouvernement guinéen a pris de nouvelles mesures très restrictives interdisant à toute personne de quitter Conakry pour l’intérieur du pays. L’exécutif considère que la capitale étant l’épicentre de l’épidémie, aucun de ses habitants ne doit se déplacer vers d’autres localités. « Nous avons décidé de renforcer les nouveaux points de contrôle que nous avons érigés pour empêcher des déplacements importants de personnes qui peuvent être générateurs d’une contamination à l’intérieur du pays. C’est pour cela que ces dernières mesures ont été prises », a déclaré le ministre des Transports Aboubacar Sylla.

“Je crois qu’il [le président Alpha Condé] a pris la décision tardivement, tout simplement parce qu’il était obnubilé par son double scrutin. Maintenant que les choses sont en train de lui échapper, c’est là qu’il commence à prendre conscience et, au fur et à mesure que la situation s’aggrave, il ne peut pas trouver le moyen de faire face à la pandémie.”

Les mesures à Conakry diversement interprétées par les habitants

Moktar Bah

Les autorités tchadiennes ont elles aussi décidé d’isoler la capitale Ndjamena. A compter de vendredi, la circulation entre la ville et le reste du pays sera interdite, pour une durée de deux semaines renouvelables.

  • Des proches de victimes du coronavirus saisissent la justice au Sénégal pour obtenir le retour des corps

Au Sénégal, des proches de ressortissants morts du Covid-19 à l’étranger ont décidé de saisir la Cour suprême pour forcer les autorités à accepter le rapatriement de dizaines de corps, bloqués depuis des semaines pour certains d’entre eux. Selon le collectif, 80 Sénégalais seraient décédés du coronavirus hors du pays, dont une quarantaine rien qu’en France. Mais le directeur du département des Sénégalais de l’Extérieur, Amadou François Guèye, a affirmé à l’AFP que « le gouvernement maintient sa décision de ne pas rapatrier les corps ».

  • Les cours reprendront le 11 mai au Bénin

Les élèves béninois reprendront bien le chemin de l’école le lundi 11 mai. La date avait été indiquée la semaine dernière par le ministre de l’Economie et des Finances, et la confirmation a été apportée par le Conseil des ministres ce mercredi. La reprise des cours concerne les classes de CM2, les collèges et les lycées. Les étudiants eux suivront les cours en ligne via une plateforme parce que les amphithéâtres restent fermés. Les écoliers en CM1 ne pourront en revanche reprendre l’école qu’à partir du 10 août et subiront leurs évaluations un mois après. Les maternelles et garderies resteront, elles, fermées jusqu’à la rentrée du 28 septembre. Avant la reprise des cours le gouvernement a lancé des tests de dépistage systématique au Covid-19, pour les enseignants et divers personnel. L’Etat annonce pour lundi, la distribution gratuite de masques dans les écoles, collèges et lycées. 

Le Conseil des ministres a également acté la levée du cordon sanitaire qui isole certaines villes à risque pour empêcher la propagation du coronavirus sur le territoire national. A compter du 11 mai, tous les check-points autour des 16 villes isolées depuis le 30 mars, vont sauter et les Béninois pourront aller partout sans avoir besoin de la dérogation des préfets. En revanche plusieurs mesures restent en vigueur, distanciation physiques, masques obligatoires, lavage des mains, fermeture des bars, discothèques, lieux de culte, interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes et la quarantaine maintenue pour toute personne qui arrive d’un pays infecté. 

  • La Côte d’Ivoire reçoit une première partie de sa commande de masques

La Côte d’Ivoire a reçu 52 millions de masques sur les 200 millions commandés à des fournisseurs chinois. Ces premières livraisons sont destinées en priorité à ceux qui sont en première ligne face au Covid-19. 22 millions seront d’abord distribués à 17 catégories de bénéficiaires, soit 1 million 129 000 personnes : le personnel de santé, les forces de sécurité, les transporteurs, les commerçants des marchés,  ou encore les étudiants qui vivent en cités universitaires. Ce chiffre correspond à deux semaines d’utilisation. La distribution de masques gratuits à l’ensemble de la population, comme l’avait annoncé le Conseil de sécurité début avril, n’est en revanche pas encore à l’ordre du jour.

Début avril, le Conseil national de sécurité rendait le port du masque obligatoire à Abidjan, et annonçait la gratuité des masques pour tous. Mais depuis, la distribution de ces masques chirurgicaux se fait attendre. Le ministre de la Santé Aouélé Aka explique toutefois qu’il n’y a aucun retard :  les délais de commandes sont respectés. « On a passé commande normalement, ça n’a pas mis du temps. Ils ont respecté les délais, mais c’est fractionné. On a reçu, il y a une semaine, 26 millions, aujourd’hui on vient de recevoir 25 millions, pour le mois de mai on recevra 45 millions sur les 200 millions commandés. »  

Pour sa première intervention publique en tant que Premier ministre par intérim, Hamed Bakayoko, a appelé à la « responsabilité de chacun » pour briser la chaine de contamination. Pour tous ceux qui ne pourront pas être fournis par l’Etat, la difficile course aux cache-nez continue,  entre masques artisanaux en tissu, ou masques en pharmacie souvent vendus très chers, ou tout simplement en rupture de stock. 52 nouveaux cas de Covid-19 ont été annoncés ce mercredi dans le pays, portant à 1 516 le nombre de cas confirmés, dont 18 décès.

  • Le Niger et le Congo-Brazzaville reçoivent à leur tour un don de Covid-Organics

Après la Guinée-Bissau et la Guinée-équatoriale, le Niger et le Congo-Brazzaville ont à leur tour réceptionné un don de Covid-Organics, cette décoction à base d’artemisia dont le président malgache vante les vertus curatives contre le coronavirus. Le Niger a important lot du breuvage malgache. Les produits sont contenus dans des sachets prêts à être « administrés sous la forme d’infusion », pour « pour l’équivalent de 900 traitements, pour la prise en charge d’au moins 900 malades » a expliqué le ministre de la Santé publique, le docteur Idi Illiassou Mainassara. « Dans le cadre de la gestion du Covid, nous avons un comité scientifique à qui nous avons remis toute la documentation pour nous dire la conduite à tenir, a précisé le ministre. A partir de leur recommandation, on verra ce qu’il faudra faire. »

Au Congo, le président Denis Sassou-Nguesso avait déjà annoncé la semaine dernière avoir commandé un premier lot de Covid-Organics. La cargaison est arrivée ce mardi sur le territoire national, réceptionnée par le directeur de cabinet du chef de l’Etat, Florent Ntsiba.

Le Covid-Organics n’a pas encore fait l’objet d’une étude scientifique publiée. Lundi, l’Organisation mondiale de la Santé a rappelé l’importance de réaliser des « essais cliniques rigoureux » sur les traitements, même provenant de la médecine traditionnelle, avant une diffusion à grande échelle. « Des plantes médicinales telles que l’artemisia annua sont considérées comme des traitements possibles du Covid-19, mais des essais devraient être réalisés pour évaluer leur efficacité et déterminer leurs effets indésirables », écrit l’OMS dans un communiqué.

  • Le ministre de l’Emploi testé positif en Côte d’Ivoire

En Côte d’Ivoire, Pascal Kouakou Abinan, le ministre de l’Emploi, a été testé positif au coronavirus ce mardi. Son ministère l’a annoncé dans un communiqué ce matin, indiquant également que son état est « stable ». Le ministre avait été hospitalisé dans la nuit de vendredi à samedi pour une « grosse fatigue » selon ses services.

  • 511 personnels de santé testés positifs au coronavirus en Afrique du Sud

Le ministre sud-africain de la Santé, le Dr Zweli Mkhize, a annoncé sur les réseaux sociaux que 511 membres du personnel de santé ont contracté le coronavirus depuis le début de la pandémie. Parmi eux, 26 sont actuellement hospitalisés, et deux sont décédés, un médecin et une infirmière. 149 sont aujourd’hui guéris. « Nos travailleurs de santé sont comme des soldats au front. Ils doivent être bien formés, bien armés et bien protégés », a ajouté le ministre.

Le BATSA (British American Tobacco South Africa), entreprise leader de production de tabac en Afrique du Sud, a par ailleurs déclaré qu’il ne porterait pas plainte contre la décision du gouvernement d’interdire la vente de cigarettes. A la place, l’entreprise déclare engager des discussions avec les autorités « afin de trouver une meilleure solution pour tous les Sud-Africains et retirer la menace de sanctions contre les 11 millions de fumeurs du pays ». La semaine dernière, le gouvernement avait dans un premier temps annoncé la levée de l’interdiction de vente de cigarettes, en vigueur depuis le 27 mars, pour le 1er mai, date de l’assouplissement du confinement. Mais les autorités avaient finalement fait machine arrière, provoquant la colère des producteurs et vendeurs de tabac.

  • Le nombre de personnes en insécurité alimentaire pourrait doubler en Afrique de l’Ouest et centrale

Le Programme alimentaire mondial (PAM) redoute une flambée de l’insécurité alimentaire dans la sous-région de l’Afrique de l’Ouest et centrale à cause de la pandémie de coronavirus. 43 millions de personnes pourraient être confrontées à la faim dans les six prochains mois, soit deux fois plus qu’avant la crise sanitaire mondiale. Lors d’une visioconférence, la porte-parole du PAM Elisabeth Byrs a notamment pointé du doigt les risques en Centrafrique, au Cameroun et au Nigeria.

  • Le Nigeria va rapatrier ses ressortissants bloqués à l’étranger

Le ministère des Affaires étrangères a annoncé un plan de rapatriement pour les ressortissants bloqués à l’étranger à cause de la pandémie de coronavirus. 265 Nigérians doivent ainsi quitter Dubaï pour Lagos vendredi 8 mai. Un groupe de 300 personnes doit également partir de Londres le même jour. Dimanche, d’autres ressortissants en provenance de New York sont attendus. Le ministère précise que les rapatriés seront à leur arrivée placés en quarantaine pendant quatorze jours « dans des environnements où ils seront surveillés ». 

Des dizaines de patients atteints de coronavirus ont manifesté hier dans les rues du village de Kwadon, dans l’Etat de Gombe. Ils protestaient contre le manque de médicaments et de nourriture dans leur centre d’isolement. Les autorités ont indiqué avoir persuadé les manifestants de regagner leur centre dans la soirée, mais craignent de nouveaux cas de contamination parmi les personnes qui se sont jointes aux protestataires.

  • Les placements en isolement ne seront plus payés par les malades au Kenya

Le ministre de la Santé du Kenya Mutahi Kagwe a annoncé ce mercredi que le coût des tests et du placement dans des centres d’isolement seraient désormais pris en charge par le gouvernement. Jusqu’à présent, c’étaient les malades qui devaient payer entre 20 et 100 dollars par jour s’ils étaient envoyés dans les centres de quarantaine. Beaucoup d’entre eux boudaient donc la campagne de dépistage menée par les autorités de peur de devoir payer cette somme.

Mais désormais, les autorités haussent le ton. « La population ne doit pas briser le couvre-feu. Des sanctions sévères seront appliquées », avertit Mutahi Kagwe. Le ministère de la Santé annonce avoir placé en isolement pour 15 jours les quartiers d’Eastleigh à Nairobi et d’Old Town à Mombasa, dans lesquels les marchés et les restaurants seront désormais fermés. Les chauffeurs routiers devront de leur côté être testés toutes les deux semaines, et obtenir un certificat avant de pouvoir de traverser les frontières.

  • Amnesty demande au Cameroun de protéger ses prisons contre le coronavirus

Amnesty International demande aux autorités camerounaises de protéger ses détenus de la propagation du coronavirus, et d’arrêter d’augmenter la surpopulation carcérale. Selon l’ONG de défense des droits humains, un cas de coronavirus aurait été détecté dans la prison centrale de Kondengui à Yaoundé, et le nombre réel de prisonniers infectés pourrait être bien plus important. « Alors que le Covid-19 se propage au Cameroun, il est indispensable que les personnes détenues et leurs proches aient accès à des informations exactes au sujet de ce virus. Les mauvaises conditions de détention dans ces établissements risquent d’en faire des épicentres de la pandémie, à moins que des mesures ne soient prises de toute urgence », écrit dans un communiqué Fabien Offner, chercheur pour Amnesty International sur l’Afrique centrale et de l’Ouest.  

  • Le Niger met fin à la saison de son championnat de football

Le Niger rejoint la liste des pays africains qui ont décidé de mettre fin à la saison de football dans leur pays. Les derniers matchs de Ligue 1 de la saison ne se joueront donc pas, a annoncé la Fédération nigérienne dans un communiqué. Il n’y aura ainsi ni relégation d’équipes ni montée en ligue. Selon la fédération, cette décision permettra aux clubs de mieux se préparer pour l’année prochaine.

 

Source : rfi