Bombardement de Bouaké : la cour se penche sur les déclarations des deux accusés ivoiriens

© AFP - Philippe Desmazes Un soldat français devant des ruines à Bouaké, le 10 Novembre 2004.

Au 8e jour du procès du bombardement de Bouaké, la cour s’est penchée jeudi sur l’identification et les déclarations des 3 accusés, le Biélorusse Yury Sushkin et les Ivoiriens Patrice Ouei et Ange Gnanduillet Attualy, soupçonnés d’avoir piloté et co-piloté les Sukhois lors de l’attaque. Faute d’accusés dans le box, le président a lu les déclarations des officiers ivoiriens entendus en novembre 2005 par un juge d’instruction militaire ivoirien, sur commission rogatoire internationale signée de son homologue français.

L’audition du lieutenant Gnanduillet Attualy tient en un paragraphe. Il y reconnait avoir « fait partie de la mission envoyée à Bouaké », pour selon lui, « traiter des zones rebelles ». D’où son « étonnement », dit-il, de voir les Sukhois détruits à l’atterrissage, puis d’apprendre qu’ils sont accusés du raid. « On avait rien contre les Français et on n’a pas reçu l’ordre de bombarder leur position. S’il y a des dégâts, ils ne peuvent être qu’accidentel », affirme-t-il.

Le lieutenant-colonel Ouei conteste lui d’abord avoir été à bord des Sukhois, affirmant être alors pris par ses fonctions de chef des pilotes de chasse. Il est formel : « personne n’a ordonné de tirer sur le cantonnement français » ni lui, ni le colonel Mangou dont il « recevait les ordres », dit-il. Selon lui, les pilotes « connaissaient l’emplacement des forces impartiales » et « n’avaient aucune raison objective d’attaquer les français », qui « n’étaient pas leurs ennemis ».

Comme son subordonné, il souligne la proximité entre les cibles rebelles et l’emprise française. « Si la précision n’a pas été nette, c’est par erreur », soutient-il, avant d’ajouter : « Je considère ces évènements comme un accident, nous sommes tous dotés d’intelligence, nos troupes étaient au bord de la victoire quand cet évènement regrettable est arrivé. Si c’est le fait de nos pilotes, nous le regrettons, ce n’était ni notre mission, ni notre intention. »

Les deux hommes, visés par un mandat d’arrêt à partir de janvier 2006, ont bénéficié d’une loi d’amnistie dans leur pays en 2007. Le 3e accusé, le Biélorusse Yury Shuskin, formellement identifiés comme pilote, et qui faisait bien partie du groupe arrêté au Togo puis relâché faute de réaction française, n’a ensuite jamais été retrouvé. Quant au 2e pilote mercenaire, son identité n’a pas pu être clairement établie.

  Source: Rfi