La Guinée équatoriale applique le principe de réciprocité

La République de Guinée équatoriale a annoncé la fermeture de son ambassade dans la capitale britannique. Ces tensions entre l’un des pays les plus prospères du continent africain et la perfide Albion sont venues s’ajouter à celles qui existent déjà avec Paris. Malabo démontre une fois de plus posséder une capacité de riposte ferme alliée à une approche panafricaniste.

La Guinée équatoriale a annoncé la « clôture totale » de sa mission diplomatique à Londres, en réponse de la sanction imposée jeudi 22 juillet à l’encontre du Vice-président de la République, Teodoro Nguema Obiang Mangue. C’est ce qu’a annoncé le ministre des Affaires étrangères du pays, Simeón Oyono Esono, dans un communiqué diffusé par le Bureau d’information et de communication diplomatique, publié sur le site officiel du gouvernement de la Guinée équatoriale.

Le chef de la diplomatie équato-guinéenne a par ailleurs ajouté «ne pas admettre d’ingérence dans les affaires internes du pays», affirmant par la même occasion que ces sanctions violent le principe du droit international.

A noter que l’establishment britannique avait décidé de sanctionner le Vice-président équato-guinéen prétendument en raison de «détournement de fonds publics et de faits de corruption».

Les autorités équato-guinéennes avaient également annoncé de leur côté que «les sanctions sans fondement imposées par le gouvernement britannique trouvent leur justification dans les manipulations, les mensonges (…) que promeuvent certaines organisations non-gouvernementales contre la bonne image de la Guinée équatoriale».

Ces tensions de Malabo avec l’Etat anglo-saxon viennent s’ajouter à celles existantes avec l’establishment élyséen, et ce depuis un bon moment déjà. Une chose est néanmoins certaine: la politique du deux poids deux mesures des élites occidentales est pour le moins contradictoire, et surtout hypocrite.

Londres comme Paris semblent vouloir donner un caractère de lutte contre la corruption dans un pays africain souverain, en faisant mine par la même occasion de faire les aveugles sur plusieurs aspects qui ridiculisent ouvertement l’approche en question. Car au-delà d’effectivement interférer dans les affaires intérieures d’un Etat libre et souverain, les deux capitales occidentales semblent ne pas connaitre les statistiques pures et simples.

A ce titre, faudrait-il, une fois de plus, rappeler aux personnages occidentaux prenant de telles décisions que la Guinée équatoriale fait partie des pays africains ayant le PIB par habitant le plus élevé au niveau continental, en compagnie de pays comme les Seychelles et l’Ile Maurice. A noter d’ailleurs que durant la période de 1980 à 2017, le PIB par habitant équato-guinéen a été multiplié par… 45. Mauvaise gouvernance dites-vous?

Donc si Londres, comme Paris ou Washington s’intéressent tellement à la «bonne gouvernance» d’Etats souverains (bien que le trio en question devrait surtout commencer à s’intéresser à ses propres problèmes intérieurs), peut-être qu’il serait grand temps à montrer l’exemple vis-à-vis d’Etats-satellites de l’Occident – qu’ils soient d’ailleurs en Afrique ou même en Europe (l’Ukraine en est d’ailleurs actuellement un parfait exemple). Et dont les citoyens immigrent en masse à l’étranger. Ce qui n’est pas le cas des citoyens de la Guinée équatoriale. Mieux encore – de nombreux citoyens issus d’Afrique centrale et de l’Ouest s’installent sur le sol équato-guinéen pour y travailler et y faire leur vie. Assez révélateur.

Evidemment, ce qui pose également problème pour l’establishment occidental dans le cas de la Guinée équatoriale, c’est qu’au-delà d’avoir une politique pleinement souveraine et indépendante, Malabo peut se vanter d’être aujourd’hui l’un des principaux porte-flambeaux du panafricanisme sur la scène régionale et continentale. Un panafricanisme qui fait si peur à l’establishment occidental et qu’il nomme souvent indirectement comme l’un des principaux responsables de la perte d’influence de l’Occident en Afrique. Evidemment en compagnie d’autres «fautifs», à savoir les puissances non-occidentales, dont la Chine et la Russie.

Quoiqu’il en soit, le leadership équato-guinéen a démontré une fois de plus une capacité de réciprocité à l’arrogance qui caractérise si fortement les élites occidentales. Cet exemple inspire aujourd’hui de nombreuses personnes à divers endroits du continent africain. Et si cet Occident arrogant persiste dans ses attaques ridicules et de plus en plus vouées à l’échec, il ne doit nullement être surpris quant au rejet massif des Africains vis-à-vis de la politique néocoloniale occidentale. Après tout, le monde multipolaire – c’est aussi du donnant-donnant.

Mikhail Gamandiy-Egorov