Soupçons de bavures de l’armée française au Mali : où est la vérité ?

© Fred Marie/Hans Lucas/AFP Soldat français de la force Barkhane dans un hélicoptère © Fred Marie/Hans Lucas/AFP

La polémique enfle autour d’une frappe aérienne française sur le village de Bounti. Paris assure n’avoir tué que des jihadistes, mais des témoins affirment qu’il y a eu des victimes civiles. Ce n’est pas la première fois que les forces françaises sont ainsi soupçonnées d’avoir commis une bavure.

L’armée française a-t-elle commis une bavure au Mali et tué par erreur une vingtaine de personnes qui assistaient à un mariage, le 3 janvier, dans le village de Bounti, en croyant cibler des jihadistes ? C’est ce qu’affirment plusieurs sources locales ainsi que l’association peule Tabital Pulaaku.

Le 10 janvier, la ministre française des Armées, Florence Parly, a confirmé que l’armée avait effectué une frappe après une action de reconnaissance et de renseignement, expliquant qu’un groupe terroriste avait été identifié à proximité de cette localité.

« Nous avons engagé deux avions de chasse français qui ont éliminé des dizaines de jihadistes […]. Il n’y avait ni mariage, ni femmes, ni enfants », a insisté la ministre, excluant toute erreur de cible. Elle l’a réaffirmé, le 12 janvier, devant la commission Défense de l’Assemblée nationale, évoquant des « rumeurs » et une « guerre informationnelle » visant à jeter le discrédit sur l’armée française.

Enquête indépendante

Face au silence initial des autorités maliennes et françaises, les spéculations sur cette bavure présumée avaient, dès le lendemain des faits, agité les réseaux sociaux et semé la confusion.

Une enquête a été ouverte, le 5 janvier, par la Minusma afin de faire la lumière sur les événements de Bounti. La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH) ont également demandé, le 12 janvier, l’ouverture d’une enquête approfondie et indépendante.

Présente au Sahel depuis tout juste huit ans, d’abord sous le nom de Serval puis sous celui de Barkhane, dans le cadre d’un dispositif à vocation régionale, l’armée française – dont 57 soldats ont été tués depuis le début des opérations – compte aujourd’hui 5 100 hommes dans le Sahel.

Si le bilan est difficile à évaluer avec précision, l’Armed Conflict Location and Event Data Project estime que 3500 civils ont été tués dans le sillage des violences au Mali depuis 2012.

Retour sur les principales accusations dont la force française a été l’objet, et sur les réponses alors apportées par Paris.