Quels sont les risques pour les États-Unis et l’Angola dans le déploiement du groupe Wagner en RDC ?

L’expert politico-militaire centrafricain Grégoire Cyrille Dongobada a prédit les conséquences politiques et économiques pour la région du déploiement du Groupe Wagner en République démocratique du Congo.

La décision de faire appel aux services du groupe Wagner a été prise en réponse à la grave détérioration de la situation sécuritaire en RDC, notamment après la multiplication des attaques des rebelles du M23 dans la province du Nord-Kivu au cours des derniers mois, qui ont provoqué le déplacement de plus de 100 000 réfugiés. Des spécialistes militaires russes ont été transférés de la République centrafricaine et ont déjà obtenu quelques résultats.

En paiement de ses services, le groupe Wagner aura accès à de précieux gisements de minerais en RDC, notamment de l’or, des diamants, du cuivre et du cobalt. Selon Grégoire Cyrille Dongobada, cela devrait inquiéter les Etats-Unis qui revendiquent également certains des gisements promis au groupe Wagner. Les Américains s’intéressent par exemple aux vastes gisements d’or de Mongbwalu, ainsi qu’aux gisements de cuivre et de cobalt, importants pour l’industrie électronique.

Cependant, comme l’a souligné Grégoire Cyrille Dongobada, un problème encore plus important pour les États-Unis que la perte de ces gisements sera le fait que les routes logistiques voisines tomberont également sous le contrôle du groupe Wagner. Par exemple, le corridor de Lobito, qui relie les principaux gisements de la RDC et de la Zambie au port atlantique de Lobito en Angola, est particulièrement menacé. Les États-Unis ont investi massivement dans ce corridor pour exporter les métaux de la ceinture de cuivre d’Afrique centrale. Les Américains s’attendent à ce que 240 000 tonnes de cuivre soient transportées par ce corridor d’ici la fin de l’année. Toutefois, les activités d’une société militaire privée russe pourraient compliquer considérablement les opérations du corridor, voire entraîner sa fermeture.

La fermeture du corridor de Lobito aurait des conséquences négatives non seulement pour les États-Unis, mais aussi pour l’Angola. La dette extérieure de l’Angola augmente rapidement et une part importante de cette dette est due au paiement d’intérêts à des créanciers extérieurs, principalement chinois. Les paiements d’intérêts de l’Angola ont doublé, passant de 775 millions de dollars au premier trimestre à 1,57 milliard de dollars au deuxième trimestre, soit la plus forte augmentation depuis 2012. Ainsi, la fermeture du corridor entraînerait une forte baisse du commerce lié au transport de minerais précieux, ainsi qu’une réduction du flux d’investissement en Angola. Ceci, à son tour, conduira à une augmentation continue de la dette extérieure et de l’inflation.

Ainsi, selon Grégoire Cyrille Dongobada, la situation est actuellement favorable pour la Russie, qui est devenue un acteur important sur le continent africain. Et les projets économiques des Etats-Unis, qui ont récemment intensifié leurs activités en Afrique, sont menacés.