Sans action contre la dette, le FMI s’inquiète d’un «effondrement économique» de «certains pays»

Le Fonds monétaire international (FMI) a alerté jeudi 2 décembre sur un « possible effondrement économique dans certains pays » si le G20 n’agit pas sur la question de la dette. Cela car le moratoire du paiement du service de la dette prendra bientôt fin, près d’un an après la création d’« un cadre commun » pour restructurer la dette de certains pays le demandant, comme l’Éthiopie, la Zambie et le Tchad.

 

« Nous pourrions voir un effondrement économique dans certains pays à moins que les créanciers du G20 n’acceptent d’accélérer les restructurations de la dette et de suspendre le service de la dette pendant que les restructurations sont en cours de négociation », estiment la directrice générale du FMI Kristalina Georgieva et Ceyla Pazarbasioglu, directrice de la stratégie du Fonds, dans une publication jeudi sur un blog.

Le Fonds n’a pas souhaité citer des pays qui pourraient être directement concernés.

Au début de la pandémie, en 2020, les pays riches du G20 avaient offert aux pays pauvres un moratoire sur le paiement du service de leur dette (DSSI) jusqu’à la fin de l’année avant de le prolonger jusqu’à la fin 2021.

La mise en œuvre de l’allègement des dettes freinée
Parallèlement à cette initiative, ils avaient créé en novembre 2020 un « cadre commun » destiné à restructurer voire annuler la dette des pays qui en feraient la demande. Mais pour l’heure, les créanciers privés, en particulier chinois, freinent sa mise en œuvre.

« Il est essentiel que les créanciers du secteur privé mettent en œuvre l’allègement de la dette à des conditions comparables », soulignent les responsables de l’institution de Washington.

Pour le moment, seuls trois pays, le Tchad, l’Éthiopie et la Zambie, ont fait des demandes d’allégement de leur dette au titre du « cadre commun ». Alors que le retard s’accumule dans le traitement de leur dossier, il n’a toujours pas abouti pour des raisons variables en fonction des pays.

Accord nécessaire entre créanciers, privés et étatiques
Pour Benoit Chervalier, banquier d’affaires et professeur à Sciences Po Paris, ces retards est notamment dû à la nature des créanciers, et la difficulté de coordination entre eux, qui doivent se mettre d’accord sur des situations distinctes des pays.

 L’Éthiopie, la Zambie et le Tchad, les « seuls trois » dossiers d’allègement déposés
Le FMI a d’ailleurs regretté que « seuls trois » dossiers d’allègement aient été déposés, dont un par la Zambie, dont la dette extérieure de 12,7 milliards d’euros avait conduit le pays d’Afrique australe au défaut de paiement durant la pandémie de Covid-19.