Selon le communiqué de la présidence, le service de l'immigration et d'autres agences de sécurité ont placé au moins 50 personnalités sous surveillance. Ces personnalités se verront interdire de quitter le territoire tant qu'elles n'auront pas statué sur leur cas.
« Tout soupçon de corruption doit être prouvé devant un tribunal. Sauf que les procès prennent du temps. Certains procès durent 10, voire 15 ans. Et beaucoup de ces procès pour corruption n'aboutissent jamais. Car les gens utilisent les fonds qu'ils avaient volés. Cet ordre instaure donc un embargo sur des fonds suspects volés de sorte que personne ne puisse les déplacer ou en disposer, tant que le cas n'est pas résolu devant un tribunal, explique Garba Shehu, le porte-parole de la présidence qui estime que la mesure permettra d'accélérer les procédures judiciaires. Pour ce qui est de l'interdiction de quitter le territoire, c'est également un moyen d'empêcher les suspects d'avoir accès aux fonds placés à l'étranger qu'ils pourraient être tentés de mettre à l’abri des autorités nigérianes ».
Qui sont ces cinquante personnalités ? La présidence n'en dit mot. Mais de nombreux opposants seraient concernés. Parmi eux, Olisa Metuh, un des porte-parole du Parti Démocratique du Peuple, le principal parti d’opposition.
« C'est un affront aux dispositions de la Constitution de la République fédérale du Nigeria qui garantit la liberté de circulation. Seul un tribunal compétent peut limiter la liberté. Cette décision devrait inquiéter au plus haut point tous les Nigérians, la dernière fois que des mesures semblables ont été adoptées c'était quand même à l'époque du régime militaire, ce genre de loi n'a plus sa place dans le Nigeria d'aujourd'hui », affirme Emeka Etiaba, l’avocat d’Olisa Metuh.
Avec rfi