La circulation des armes de guerre dans ces deux provinces rend le conflit encore plus meurtrier, d’où la décision de l'Etat tchadien de lancer parallèlement une opération de désarmement.
Le président tchadien a également donné le feu vert aux militaires de tirer sur toute personne en cas de résistance. Ces déclarations n'ont pas manqué de provoquer la colère des défenseurs des droits de l’homme et de l’opposition.
A l'image de Mahamat Nour Ahmat Ibedou, le sécrétait général de la Convention tchadienne pour la défense des droits de l’homme (CTDDH). S'il estime que l’état d’urgence n’est pas une mauvaise décision, il se dit scandalisé par l'autorisation de tuer donnée par le chef de l’Etat aux militaires déployés dans ces localités :
"Il donne des instructions aux militaires en leur disant qu’en cas de résistance, les militaires ont le droit de tirer et de tuer dix personnes dans chacun des deux camps pour calmer le conflit. Il ajoute aussi qu’après une sommation de trois coups de feu, si l'individu ne dépose pas les armes, il faut le tuer. C’est tout simplement irresponsable et scandaleux. Connaissant l’indiscipline de nos militaires, leur demander de tirer sur des gens en conflit, c’est presque encourager un massacre."
"Résoudre la problème à la racine"
Même réaction du côté de l’opposition. Succès Masra est le président du parti Les transformateurs :
"Comment peut-on, si on est un dirigeant sérieux, demander aux forces de sécurité de choisir au hasard dix personnes de chaque communauté en conflit et de les tuer, pour résoudre un problème communautaire qui nécessite à la fois dialogue, sagesse et un minimum de jugement? C'est profondément scandaleux et affligeant."
Khalid Daoud, natif de la province du Ouaddaï, souhaite pour sa part la mise sur pied d’un comité pour un règlement du conflit :
"Un conflit intercommunautaire ne peut être réglé par la seule force militaire. Il faut résoudre le problème à la racine en utilisant le souhait des belligérants à revivre ensemble comme avant. Tout le monde doit s’impliquer, les chefs traditionnels et l’administration peuvent agir ensemble dans le cadre d’un comité qui doit absolument voir le jour."
Outre la saisie des armes, le président tchadien a annoncé l'interdiction de circuler à moto dans les deux régions, ainsi que la suspension des chefs des deux cantons où se sont déroulés les affrontements.
Selon Idriss Deby, l'afflux d'armes venues des pays frontaliers du Tchad en proie à de graves conflits comme la Libye, la Centrafrique ou le Soudan explique l'explosion de violence dans l'est du pays.
Avec DW