Les 1 028 jours de Meng Wanzhou et les trois ans des changements sino-américains

VCG

Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei, arbitrairement détenue au Canada pendant 1 028 jours, est retournée samedi soir à la patrie à bord d’un avion affrété par le gouvernement chinois.

 Il y a trois ans, les États-Unis ont lancé une guerre commerciale de manière flagrante, sanctionné Huawei et d’autres entreprises technologiques chinoises et étendu leur « juridiction au bras long » à Meng Wanzhou.

Également samedi, la Fédération chinoise de l’industrie et du commerce a publié la liste des 500 premières entreprises privées de la Chine en 2021, plaçant pour la 6e année consécutive Huawei au premier rang. Presque au même moment, le département américain du Commerce, qui avait inscrit Huawei sur la liste des entités, a annoncé qu’il cherchait à améliorer ses relations commerciales avec la Chine et souhaitait envoyer une délégation en Chine pour rechercher des opportunités commerciales.

Lorsque Meng Wanzhou est retournée en Chine, l’opinion publique occidentale a été stupéfaite.

Une analyse effectuée par des organisations professionnelles sur la base des mégadonnées concernant le terme « Meng Wanzhou », allant de janvier 2018 à septembre 2021 et totalisant 208 746 informations, montre qu’avant le retour de Meng Wanzhou, le sentiment positif des médias mondiaux envers cet incident ne représentait que 5%. En d’autres termes, l’opinion publique mondiale n’est pas optimiste quant à l’issue de l’affaire Meng Wanzhou.

 Il y a tout juste un mois, l’examen de l’affaire d’extradition de Meng Wanzhou par le tribunal canadien était entré dans sa phase finale. Les médias étrangers ont rendu un pré-jugement sur la base des données concernant des affaires semblables traitées au Canada : la probabilité que l’extradition de Meng Wanzhou soit révoquée n’est que de 1%.

L’avocat Shen Qian, qui suit depuis longtemps le cas de Meng Wanzhou, a déclaré : “De 2008 à 2018, sur les près de 800 demandes d’extradition déposées par les États-Unis, seules huit ont été rejetées ou annulées par le Canada. Le résultat d’aujourd’hui est donc vraiment rare.

Selon le scénario avancé par l’opinion publique occidentale, si Meng Wanzhou est libérée, il doit y avoir une condition préalable. Après tout, les médias américains ont publié des informations similaires il y a six mois en disant : “Le ministère américain de la Justice négocie avec les avocats de Meng Wanzhou. Tant que Meng Wanzhou plaide coupable, le ministère américain de la Justice peut retarder les poursuites ou les annuler.

Habitués à imposer des crimes, des médias canadiens et américains qui rapportent le retour de Meng Wanzhou en Chine estiment tacitement que Mme Meng avait plaidé coupable et versé une énorme amende. Il s’est avéré plus tard que leurs rapportages ont été brisés et qu’ils n’ont pu utiliser que des « corrections » pour dissimuler leur embarras.

Certains médias occidentaux tiennent le jeu « avouer sa culpabilité pour échanger sa liberté » pour acquis, parce qu’ils sont habitués au comportement hégémonique des États-Unis, qui interagissant toujours avec d’autres pays en position de « force ». L’accord du report des poursuites conclu par le ministère américain de la Justice est une forme de règlement à l’amiable.

Le jeu « avouer sa culpabilité pour échanger sa liberté » ne s’est pas répété chez la citoyenne chinoise Meng Wanzhou.

Comment peut-on expliquer ce changement ? Il faut savoir que les États-Unis est un pays qui est certainement déraisonnable quand il peut être déraisonnable. S’ils se montrent un peu raisonnables, c’est parce qu’ils sont au pied du mur.

Selon l’analyse du professeur de l’École des relations internationales de l’Université de Beijing, Wang Yong, la libération de Meng Wanzhou est due à la forte puissance diplomatique de la Chine.

On a remarqué des détails. Quelques jours avant la libération de Meng Wanzhou, le représentant chinois a exhorté le Canada, lors de la 48e session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, à corriger immédiatement ses erreurs et à lever la détention arbitraire de Meng Wanzhou.

En 2018, peu après l’arrestation arbitraire de Meng Wanzhou, le ministère chinois des Affaires étrangères a convoqué en urgence l’ambassadeur des États-Unis en Chine et l’ambassadeur du Canada en Chine. Dans chacun des cas, la partie chinoise a exprimé la même position : la nature de cette affaire est extrêmement mauvaise.

Le jour où Meng Wanzhou a quitté Vancouver, le personnel de l’ambassade de Chine au Canada s’est rendu à l’aéroport pour saluer son départ, et l’ambassadeur de Chine au Canada est rentré en Chine avec elle. La remise en liberté de Meng Wanzhou n’est pas seulement le résultat des efforts diplomatiques chinois, mais aussi ceux de la Chine et du peuple chinois.

Lors de la visite de la sous-secrétaire d’État américaine Wendy Sherman en Chine en juillet dernier, la partie chinoise lui a mis une liste de 26 problèmes à régler, sur laquelle figurait la libération de Meng Wanzhou. Cela est arrivé pour la première fois dans l’histoire des échanges sino-américains. C’est le résultat de la montée continue de la force et de la cohésion de la Chine.

En fin de compte, utiliser la “force” pour réprimer les autres ne marche pas avec la Chine, et les États-Unis ne peuvent que revenir sur une voie raisonnable.

Les États-Unis semblent mener la lutte finale. Dans le titre de l’annonce du ministère américain de la Justice, le mot “Misleading” a été utilisé, affirmant que Meng Wanzhou “a admis” avoir “induit en erreur” les institutions financières mondiales.

L’avocat Shen Qian a lu attentivement la déclaration du ministère américain de la Justice et a constaté que ce que Meng Wanzhou avait admis sont en fait les faits déclarés devant le tribunal, et qu’il n’y avait pas eu de plaidoyer de culpabilité. Les États-Unis veulent donc se sauver la face.

Pendant les 1028 jours, jusqu’à la dernière minute, les États-Unis voulaient toujours qualifier Meng Wanzhou de “coupable“. Une telle démarche avait initialement été préparée il y a 3 ans, lorsque les États-Unis ont lancé une guerre commerciale.

En juin 2018, le secrétaire américain au Commerce de l’époque, Wilbur Ross, a déclaré dans une interview qu’il n’avait trouvé aucun acte de Huawei à l’encontre des règlements. Mais six mois plus tard, les États-Unis ont secrètement demandé au Canada d’arrêter Meng Wanzhou.

Plus d’un mois après l’arrestation illégale de Meng Wanzhou, le ministère américain de la Justice a annoncé que Huawei et Meng Wanzhou étaient inculpés de fraude bancaire et électronique, d’entrave à la justice et de vol de secrets commerciaux. Wilbur Ross était sur les lieux lors de la conférence de presse annonçant l’arrestation de Meng Wanzhou.

Pourquoi le changement s’est-il produit de manière si rapide ? Les propos du président américain de l’époque, Donald Trump, ont fait comprendre le mystère : si cela est bénéfique pour les intérêts de la sécurité nationale américaine ou peut promouvoir un accord commercial entre la Chine et les États-Unis, il est prêt à intervenir dans l’affaire du ministère de la Justice contre Meng Wanzhou.

De toute évidence, la détention de Meng Wanzhou n’est pas une affaire judiciaire, mais une manipulation politique. Avec la demande des États-Unis d’extrader Mme Meng, on voit de plus en plus clairement la logique derrière les actions du gouvernement américain :

En mai 2019, l’administration Trump a inclus Huawei sur la liste des entités, ce qui interdit aux entreprises américaines de vendre leurs produits à Huawei. En mai 2020, août 2020 et avril 2021, les États-Unis ont encore intensifié leurs sanctions contre Huawei. Cela montre clairement la volonté des États-Unis de réprimer les entreprises technologiques chinoise.

Cependant, les choses ont évolué contre le gré de Washington : en 2020, le chiffre d’affaires total de Huawei augmentera de 11,2 % et les bénéfices de 10,4 %. Les sanctions des États-Unis contre les entreprises chinoises n’ont pas abouti.

Le jour même du retour de Meng Wanzhou, la secrétaire américaine au Commerce, Gina Raimondo, a déclaré dans une interview au Wall Street Journal qu’elle chercherait à améliorer les relations commerciales entre les États-Unis et la Chine.

Passant des sanctions à l’engagement actif, le gouvernement américain semble en train de modifier son approche. En fait, c’est exactement ce que veut faire l’administration Biden, pour construire une image plus responsable.

Presque au même moment où Meng Wanzhou retournait en Chine, Biden a accueilli à la Maison-Blanche le premier “sommet face à face” des dirigeants du mécanisme de “dialogue quadripartite sur la sécurité” (États-Unis, Japon, Inde et Australie), avec pour thème “la coopération et des échanges scientifiques“.

Mais la couleur de fond de la “coopération” est toujours la confrontation. Le Washington Post a indiqué que bien que les dirigeants des quatre pays n’aient pas mentionné la Chine dans leurs discours publics lors de la réunion, la Chine est toujours le son de fond de cette réunion.

Les États-Unis ont toujours voulu jouer le rôle de décideur des règles. Auparavant, ils ont joué sans se cacher, mais maintenant ils agissent en déguisement. Mais en substance, ils sont toujours un contrevenant aux règles. L’arbitre des règles internationales, du début à la fin, ne devrait pas être les États-Unis.

Dès le retour de Meng Wanzhou en Chine, les médias américains ont également commencé à diffuser des signaux positifs dans leurs rapportages, ce qui “pourrait éliminer un point de friction entre la Chine et les États-Unis“.

Pendant les trois années de négociations, la Chine est devenue de plus en plus consciente de la façon de faire des États-Unis et de la nature de l’endiguement du développement de la Chine par les États-Unis. Le professeur Li Haidong de l’Université des affaires étrangères de Chine a déclaré :  la Chine s’en tient toujours aux principes de respect mutuel, bénéfice mutuel et gagnant-gagnant ces dernières années, mais ses actions diplomatiques présentent un style plus ferme. Par exemple, la Chine a fixé trois lignes rouges et avancé deux listes à la partie américaine et a incité les États-Unis à prendre des décisions conformes aux intérêts de long terme.

La libération de Meng Wanzhou a certains rapports avec ce changement de style diplomatique de la Chine. Derrière ce changement, il y a l’inversion du vent d’est et du vent d’ouest, et le changement des situations.

Un sondage publié le 23 septembre par le Pew Research Center aux États-Unis montre que seulement 44 % des adultes américains se sont déclarés satisfaits de la performance du président américain Biden. Depuis avril, la confiance des Américains dans les dirigeants du Congrès démocrate a chuté de 11 points de pourcentage.

En revanche, selon les sondages menés en Chine par la Kennedy School of Government de l’Université Harvard pendant 10 années consécutives, la satisfaction du peuple chinois à l’égard de la gouvernance du Parti communiste chinois est restée supérieure à 90 % chaque année.

Si vous regardez plus loin, la guerre commerciale n’a jamais cessé sous les deux administrations américaines mais, jusqu’à présent, l’objectif que les États-Unis s’étaient fixé à l’origine n’a pas été atteint. Li Haidong a déclaré : “La guerre commerciale a induit trop de pertes pour les États-Unis, dont leur crédibilité.

L’objectif de la répression n’a pas été atteint. Après trois ans, les États-Unis n’ont toujours pas pu réduire leur déficit commercial. Selon les données du département américain du Commerce, le déficit commercial américain a augmenté de 6,7% en glissement mensuel en juin à un niveau record de 75,7 milliards de dollars américains.

L’épidémie de COVID-19 a une nouvelle fois mis en lumière la stabilité et la progression du navire géant chinois. La Chine n’est pas seulement le pays qui s’est rétabli le plus rapidement après l’épidémie, mais c’est aussi celui qui a fourni le plus de vaccins au monde. Et les États-Unis, bien qu’ayant le plus de doses de vaccin au monde, reste le pays avec le plus grand nombre de cas confirmés et de décès.

Alors que les États-Unis n’arrivent pas à bien gérer leurs propres problèmes, la Chine fait ses contributions au monde. Selon les mots de Li Haidong, “la philosophie diplomatique de la Chine est de bénéficier à toutes les parties, et celle des États-Unis est de perturber le monde“. En ce qui concerne les tendances futures, la philosophie diplomatique de la Chine a fait preuve d’une vitalité au-delà du temps. Elle montre non seulement la culture et les demandes de la Chine, mais répond aussi aux besoins d’intégration et de développement des pays du monde entier.

Revenons à l’affaire Meng Wanzhou, nous pouvons mieux comprendre ce que l’on entend par tendances historiques. Peu importe le nombre de visages que les États-Unis peuvent montrer, la conviction de la Chine de suivre sa propre voie est devenue plus ferme et le processus historique du grand rajeunissement de la nation chinoise est devenu irréversible.

   Source : Yuyuan Tantian