Covid-organics : désillusion africaine ?

En Afrique, des autorités de pays ayant acquis le produit, doutent ou nient carrément la capacité du covid-organics, la tisane malgache, à guérir ou prévenir du coronavirus. Voici pourquoi.

 Cette fois-ci, ce n’est pas l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Plutôt un pays africain. Et pas des moindres. « La tisane n’a montré aucune preuve qu’elle possède de réelles propriétés curatives contre le COVID-19 », a déclaré jeudi, le Dr Osagie Ehanire, ministre nigérian de la Santé.

 C‘était au sortir d’une réunion de mise au point des travaux du groupe de travail présidentiel de lutte contre le coronavirus. Une conclusion qui procède du rapport de l’Institut national de recherche et de développement pharmaceutique (NIPRD)
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Avant le Nigeria, le Congo-Brazzaville avait déjà jugé le CVO « peu efficace » face à la covid-19. « Les conclusions penchent vers une efficacité limitée. Il y a des personnes qui ont pris le Covid-Organics à visée préventive, mais qui se sont infectées. Et dans l’étude curative, malheureusement, il y a des patients qui n’ont pas répondu au traitement », a récemment déclaré le professeur Alexis Elira Dokekias, responsable de la prise en charge des malades du Covid-19.

Pourtant, il y a encore quelque deux mois, Madagascar, mais surtout son président Andry Rajoelina faisait comprendre à quiconque pouvait l’entendre que le CVO avait fait ses preuves.

Un argumentaire qui s’est rapidement répandu comme une trainée de poudre à travers tout le continent. Experts, politologues, … C’est toute une intelligentsia africaine qui s‘était mise en ordre de bataille pour promouvoir le CVO face aux réserves de l’OMS qui réclamaient des preuves.

« Le produit a déjà fait ses preuves à Madagascar », commentait un journaliste de la télévision publique congolaise après la réception par le Congo-Brazzaville d’un premier lot de cette tisane censée guérir du coronavirus.

Désenchantement ?

Au Tchad, un site avait même déclaré avoir dénombré 34 personnes guéries grâce au covid-organics, alors qu‘à l‘époque, l’OMS réclamait des « preuves ».

Du côté de l’Afrique, c‘était une preuve de plus de la condescendance occidentale vis-à-vis du continent. « Si ce n’était pas Madagascar, mais un pays européen qui avait découvert ce remède, est ce qu’il y aurait eu autant de doutes. Je ne le pense pas ! » , déplorait Andry Rajoelina.

Si d’autres pays africains s’abstiennent jusqu’ici de se prononcer sur l’efficacité préventive ou curative du CVO, la situation épidémiologique n’est toutefois pas des plus rassurantes au pays des lémuriens.

En effet, à Madagascar, le virus connaît aujourd’hui une progression de 50 %, au point qu’en ce moment la Grande Île enregistre 8 381 cas de covid-19 dont 5 160 guérisons et 70 décès. Ce qui a récemment conduit le gouvernement à reconfiner Antananarivo, la capitale.

Jugeant la situation « plus que préoccupante » sur les antennes de RFI, le professeur Ahmad Ahmad ministre de la Santé a récemment dressé une liste d’hypothèques auxquelles se heurte le combat contre le virus dans son pays, tout en appelant à l’aide des partenaires internationaux.

« Plusieurs milliers de gens sont infectés par le virus, parmi lesquels des agents de santé, et les hôpitaux débordés par l’afflux de malades graves, dont certains décèdent malheureusement faute d’accès aux soins », avait déclaré le professeur Ahmad Ahmad.

Malheureusement en voulant obéir à la loi d’objectivité et en dépit du soutien de syndicats de la santé, le ministre n’avait sans doute pas mesuré l’impact politique de sa sortie au point de recevoir des foudres d’une cinglante réponse de son propre gouvernement. « Le contenu de la lettre reflète l‘état de débordement dans lequel se trouvent le ministre et son entourage », a écrit le 21 juillet dernier Lalatiana Andriatongarivo, ministre de la communication et de la culture, porte-parole du gouvernement.

Le covid-organics est-il finalement un rêve scientifique des plus mirobolants ou simplement une communication politique qui aura triomphé de la rigueur scientifique ? Seul l’avenir nous le dira.

      Source : africanews