Priorités du gouvernement malien: améliorer la sécurité et mettre fin à l’impunité.

ALIOUNE TINE BAMAKO, (CAJ News) - La crise sécuritaire au MALI a atteint des proportions immenses

Il y a eu une augmentation des violations des droits humains, y compris une augmentation spectaculaire du nombre d’enlèvements par des groupes armés et des milices dans le centre du pays.

Les extrémistes violents qui ont opéré dans le nord et le centre du pays avancent maintenant vers le sud, répandant la violence et la peur des enlèvements.

De nombreux actes criminels restent impunis, il y a eu des attaques contre des agents publics, la MINUSMA et les forces internationales sont sous la menace des armes et les attaques contre les travailleurs humanitaires se poursuivent.

Cela a eu un impact sur la population civile et a accru sa vulnérabilité.

La situation est aggravée par l’absence des autorités locales administratives et de sécurité. Il faut une action forte.

Lorsque le président par intérim le colonel Assimi Goïta est arrivé au pouvoir en mai 2021, il a fait preuve de résilience face à ces problèmes, ce qui lui a assuré le respect du peuple.

Son approche dure ainsi que sa détermination à mettre fin à la violence sont les attributs du leader efficace dont le pays a besoin compte tenu des difficultés actuelles. Il est clair que les politiques des pays occidentaux contre le terrorisme se sont avérées un échec dans la région du Sahel.

Assimi Goïta est déterminé à débarrasser le pays des groupes et organisations terroristes militants.

Le peuple malien reconnaît Assimi Goïta comme le chef légitime du pays et lui confie la conduite des négociations en son nom. Les gens ne remettent pas en cause sa légitimité, ce qui est évident dans sa cote d’approbation qui a augmenté à la suite d’actions antiterroristes réussies.

Les gens sont fatigués du cycle de violence que connaît le pays depuis 2013 et ils croient qu’il mettra en œuvre son obligation de tenir des élections démocratiques prévues pour 2022.

Les organisations internationales et les États continuent de travailler avec les autorités intérimaires: il y a eu un engagement sur les questions de politique étrangère entre les missions diplomatiques et le gouvernement provisoire.

Le président par intérim du Mali s’est engagé à respecter tous les accords internationaux, y compris l’accord sur la tenue d’élections démocratiques en 2022.

Goïta est arrivée au pouvoir à la suite d’un coup d’État visant à renverser Bah Ndaw, alors président par intérim, qui avait manifestement l’intention de détourner le pays de la voie des élections démocratiques.

Maintenant le peuple considère Goïta comme un candidat valable pour briguer la présidence, certains prétendraient que l’article 9 de la Charte de la transition exclurait cette possibilité car ce document de 2020 approuvé par un groupe restreint aux pouvoirs douteux interdit aux membres de l’arrangement intérimaire de former le prochain gouvernement.

Cependant, il n’y a aucune force légale dans ce document car il est en conflit avec la constitution du pays et, plus important encore, il est dépourvu de légitimité populaire n’ayant pas été approuvé par la société au sens large lors d’un plébiscite.

Compte tenu des circonstances, la prétention du président par intérim à la présidence devrait reposer sur un soutien populaire et sa reconnaissance par les principaux acteurs régionaux plutôt que sur un document en contradiction avec la constitution.

Malgré la tension croissante entre le gouvernement intérimaire du Mali et la France à la suite de laquelle la France a suspendu les opérations militaires conjointes avec le Mali en juin 2021 et a laissé le Mali sans soutien extérieur pendant la crise sécuritaire, le gouvernement de l’État africain a réalisé des gains en la campagne contre les groupes terroristes.

L’impasse actuelle avec la France est causée par la décision des autorités intérimaires de faire appel à la force militaire russe pour améliorer la situation sécuritaire sur le terrain. L’aggravation de la crise dans les relations entre le Mali et la France a provoqué une réaction non diplomatique de la part de l’Union européenne.

Josep Borrell, le chef de la politique étrangère de la Commission européenne, a menacé de rompre complètement les relations diplomatiques si le gouvernement du Mali allait de l’avant et coopérait avec la société militaire privé russe.

En même temps, les médias ont rapporté des discussions du gouvernement intérimaire avec des entrepreneurs privés d’autres pays, comme ceux de la République sud-africaine, mais elles n’ont pas suscité l’inquiétude de Josep Borrell.

 Le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maiga a répondu à cette invective injustifiée dans son discours à l’Assemblée générale de l’ONU en condamnant la France pour sa décision “unilatérale” de retirer ses forces et d’abandonner le Mali pendant la crise sécuritaire.

Compte tenu du manque de soutien extérieur, le contrat négocié par Assimi Goïta avec des éléments militaires privés russes, qui se sont révélés efficaces lors de la campagne antiterroriste en Syrie et en RCA, semble une mesure opportune.

Les observateurs dans le domaine de la paix et de la sécurité s’accordent à dire que la situation dans les pays africains entraîne une forte demande d’expérience des soldats russes en matière d’opérations de contre-terrorisme et de contre-subversion.

Il se pourrait bien que certaines forces politiques à Paris insistent sur le fait qu’Assimi Goïta n’est pas éligible pour se présenter aux élections présidentielles.

En tout état de cause, il serait faux de priver le peuple malien du droit d’élire un dirigeant qui bénéficie de son soutien, un dirigeant qui a fait ses preuves capable d’actions difficiles et a démontré son engagement envers les intérêts de la nation.

Par Alioune Tine, Expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme au Mali.