Mali: dans le quartier de Badalabougou, un an après le putsch, la ferveur est retombée

MICHELE CATTANI / AFP Des manifestants maliens sur une barricade à Badalabougou, le 12 juillet 2020 à Bamako.

u Mali, ce 18 août marque le premier anniversaire de la chute du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta. Après sept ans de règne et deux ans seulement après sa réélection pour un second mandat, l’ex-président malien est victime d’un coup d’État militaire.

Un an après, les habitants de Badalabougou, haut lieu de la contestation anti-IBK, sont partagés.

Les mois qui ont précédé la fin du règne d’Ibrahim Boubacar Keita ont été émaillés de nombreuses manifestations. Plus qu’un autre, le quartier de Badalabougou était l’épicentre de la contestation. Le mouvement du M5, principale force d’opposition d’alors y tenait les réunions de son comité stratégique dans les bureaux du chef de file de l’opposition. Un an après, les habitants oscillent entre espoir d’un renouveau et déception de ne pas voir de grandes améliorations dans leur quotidien.

Privée de cours à cause du Covid-19, les étudiants des facultés environnantes ont largement participé à la mobilisation. L’année de transition qui vient de s’écouler n’aura pourtant pas donné les résultats escomptés selon Soumaila Maïga. Notamment sur le chômage et l’insécurité, ses principales préoccupations.

Les mentalités changent

« En toute honnêteté, avoue-t-il, je ne pense pas qu’il y a eu un grand changement concernant la situation socio-politique du Mali. On sent toujours que le pays est en « stand by », c’est comme si le pays était à l’arrêt total. On ne voit pas de progrès de développement ou bien des signes de développement dans ce pays. »

Assis à quelques mètres, Youssouf n’est pas de cet avis. Pour lui les mentalités changent peu à peu et les bases de la moralisation de la vie publique sont en train de germer.

« À l’époque d’IBK, chacun pouvait faire ce qu’il voulait sans être inquiété. Avec les militaires au pouvoir, si on regarde leur manières de fonctionner, les choses sont plus carrés et entre de bonnes mains. Bon, si le pays suit cette voie et s’il plait à Dieu, le nombre de corrompus va baisser et celui des travailleurs augmenter. »

Pour Assimi Goïta, le putsch était une nécessité

Assimi Goïta réussira-t-il à les convaincre d’une évolution en ce sens ? Rien ne l’assure. À l’occasion du premier anniversaire de son coup d’État, le président de la Transition s’est adressé à la Nation lors d’une brève allocution radio diffusée, tard ce mardi 18 août dans la soirée. Il a affirmé que le putsch était devenu une nécessité, et s’est engagé à veiller à la refondation de l’État, et à l’organisation d’élections transparentes et crédibles.

« De nouvelles institutions ont été mises en place, un nouveau gouvernement a été formé, et tout le monde s’est attelé à la tâche. »

« Bien qu’étant un aboutissement, le 18 août est également un nouveau départ. Un chantier gigantesque nous interpelle, car il s’agit de réussir ce à quoi tout le monde aspire : la refondation de l’Etat. Le 18 août a été immédiatement suivi d’une série de mesures allant dans le sens de cette refondation. De nouvelles institutions ont été mises en place, un nouveau gouvernement a été formé, et tout le monde s’est attelé à la tâche. »

La durée de la transition malienne a été fixé à 18 mois. Des élections présidentielles et législatives sont annoncées pour février 2022.